Menu déroulant

. .

mercredi 16 novembre 2011

Le budget de la Grèce – ou pourquoi la rigueur, cela ne marche pas…

Source et remerciements: les-crises.fr


"La Grèce étant proche, non pas de la “faillite” (cela ne veut rien dire pour un État) mais du défaut de paiement, je vous propose de poursuivre notre analyse de sa situation.
Cela nous permettra de comprendre le plus simplement possible la spirale infernale qui entraîne cette situation – et qui s’applique désormais à tous les pays occidentaux.
Observons tout d’abord le budget de la Grèce (au sens de Maastricht, donc avec la Sécurité sociale et les collectivités locales) depuis 1995 :"
Budget grec Grèce
On observe ainsi :
  • une tendance à l’amélioration entre 1995 et 1999 (comme partout en Europe, dans un contexte de croissance forte) ;
  • puis une tendance au laxisme jusqu’en 2007, caractérisé par une baisse des recettes (les dépenses sont stables) ;
  • puis l’explosion de 2009 en raison de la Crise, en raison d’une forte hausse des dépenses (soutien au système bancaire) ;
  • et une situation de consolidation à des niveaux élevés en 2010-2011.
On constate ainsi bien une situation de laxisme avant la Crise, comme dans la plupart des pays , et ici aussi, elle est finalement plus due à une baisse des recettes qu’à une hausse des dépenses.
Zoomons sur 2010-2011 :
Budget grec Grèce
La Grèce mérite de très loin le titre de championne du monde de la rigueur. Des mesures incroyables ont été prises, allant de baisses dantesques des salaires des fonctionnaires ou des pensions de retraite, à d’importantes hausses de TVA et d’impôts.
On observe clairement ceci : ces mesures n’ont aucun effet perceptible à court ni moyen terme !
Le bilan observé est bien celui auquel la logique élémentaire conduit (et qui est contraire aux imprécations des économistes de cour…) : ces mesures sont bien trop fortes et douloureuses pour l’économie, qui chute très lourdement en récession :
Évolution PIB Grèce
Le budget grec 2012 table même sur encore -2,5 % en 2012…
Rappelons bien une évidence : ce n’est pas parce que vous supprimez 10 Md€ de dépenses publiques que vous aurez 10 Md€ de déficit en moins !!! Ceci est un raisonnement de cours élémentaire, car bien évidemment, ce qu’on n’analyse jamais, c’est l’impact d’une telle suppression de dépenses. Si l’activité en face est reprise par le privé, et bien il faut payer 10 Md€ (ou même 9, allez) de plus au privé, donc c’est autant de moins pour consommer, sans aucun service en plus en échange (vu que le service, le public le donnait déjà “gratuitement”). Donc, vous enfoncez le pays en récession. Si l’activité en question est simplement détruite, et bien c’est autant de PIB en moins (donc de recettes en moins) et de chômeurs en plus à indemniser (donc des dépenses en plus)…
On observe donc cet effet paradoxal qui est que, au moins à court et moyen terme, la rigueur fait souffrir le pays, mais n’arrange en rien la situation :
Budget grec Grèce
J’imagine que les Grecs s’interrogent sur le fait que, malgré tous leurs efforts, le déficit 2011 soit de plus en plus profond, largement supérieur à la situation d’avant la rigueur…
Ainsi, la rigueur, cela ne marche pas… Ou plus précisément, cela ne marche plus, pour la Grèce comme pour la France. Je précise de nouveau ma pensée : il faut mettre en place un plan de rigueur, fondé d’ailleurs surtout sur des hausses d’impôts, accompagné de mesures visant à améliorer la productivité publique, avec un discours courageux visant à faire porter les efforts certes sur les plus aisés, mais aussi en expliquant à tout le monde que le maintien de notre système de retraite, de santé, d’éducation passe avant des achats de téléphones portables ou de voyages, il en va de l’avenir du pays.
Mon souci est que ce discours, et ce plan a une condition nécessaire pour marcher : il doit être tenu et appliqué en 1990/1995 grand maximum. Au delà, c’est trop tard, la dette est trop grosse et n’est plus maîtrisable. Car si la rigueur ne marche pas, notre souci est que la “non rigueur” marche encore moins…
Une fois 1995 passée, la dette devra très probablement être restructurée en grande partie (c’est-à-dire annulée en bonne partie pour employer un gros mot).
Mais nous y reviendrons – nous continuerons dans le prochain billet notre analyse de la dette grecque.

dessin cartoon austerite humour dette Budget grec Grèce
© Chappatte
dessin cartoon austerite humour dette Budget grec Grèce
© Chappatte
dessin cartoon humour dette Budget grec Grèce
© Chappatte
dessin cartoon austerite humour dette Budget grec Grèce
© Chappatte
dessin cartoon humour dette Budget grec Grèce
dessin cartoon humour dette Budget grec Grèce
dessin cartoon humour dette Budget grec Grèce

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire